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Tour de France : comment s'inspirer des cyclistes pour la motivation de vos équipes ?

Rédigé par Fabien Lucron | 19 juil. 2019

« Jouer le classement général ne signifie pas qu’on ne peut pas remporter des étapes. Nous en avons visé quelques-unes… et nous avons déjà remporté deux étapes. Cela se passe très bien, et il reste encore au moins deux chances d’aller chercher des étapes. Je suis très content de la façon dont j’ai grimpé. » Matteo Trentin, coureur cycliste italien, membre de l'équipe Mitchelton-Scott à l’issue de la 11e  étape du Tour de France qui s’est déroulée hier entre Albi et Toulouse.

Cette année, le Tour de France ou « la Grande Boucle » traverse deux pays, Belgique et France, et visitera les trois régions belges (Bruxelles-Capitale, Flandre et Wallonie) ainsi que plus de 37 départements français.

Vous visez une performance de haut vol pour vos équipes ? Dans cet article, découvrez comment motiver vos collaborateurs en vous inspirant des meilleurs coureurs cyclistes du Tour de France 2019 !

Des objectifs ambitieux qui diffèrent en fonction des profils

Le Tour de France a la particularité de regrouper plusieurs étapes de nature différente. L’étape de montagne, redoutée par bon nombre de coureurs en raison des délais d’arrivée au-delà desquels ils risquent l’élimination et dessinée pour les coureurs qui sont légers et aériens ; l’étape « accidentée » qui traverse le plus souvent des massifs au profil très vallonné et qui permet à des baroudeurs ou à des puncheurs de l’emporter ; l’étape de plaine, également appelée « étape de transition » et qui fait la part belle aux sprinteurs, capables de soutenir un effort intense et violent sur un terrain plat, et enfin la célèbre étape « du contre-la-montre » individuel ou par équipe, qui est le paradis des rouleurs. Ainsi chaque étape présente un profil de vainqueur spécifique : grimpeur, sprinteur, baroudeur, rouleur ou encore puncheur.

Les maillots décernés aux différents vainqueurs viennent ainsi saluer une performance spécifique, le maillot à pois rouges pour le meilleur grimpeur, le maillot blanc pour le jeune de moins de 25 ans arrivant le premier au classement général, le vert pour le meilleur sprinteur et enfin le célèbre maillot jaune qui lui salue le leader de la course au classement général, le plus rapide sur l'ensemble de la course.

En entreprise, comme pendant le Tour de France, il est possible de mixer plusieurs objectifs différents tout en capitalisant sur les forces spécifiques de chacun. Les entreprises éprouvant parfois des difficultés à prioriser les objectifs, rêveraient de collaborateurs pouvant gagner tous les maillots à la fois. L’idée est donc de composer des équipes aux profils « polyvalents », capables de performer dans leur domaine de prédilection tout en maintenant un certain niveau sur des aspects où ils sont moins attendus. Des objectifs ambitieux et différents peuvent être ainsi mixés : victoires d'étapes, maillots distinctifs ou encore échappées à condition de tenir compte du profil de performance de chacun.

 

La régularité est primée sur le Tour, qu'en est-il dans les entreprises ?

La régularité est primée sur le Tour de France, notamment avec le maillot jaune qui récompense le cycliste qui s’est montré le plus régulier sur l'ensemble des 3500 km du parcours. Il devra donc ne pas être décroché du peloton sur les étapes de plaine sous l'effet d'une bordure, et suivre, voire même attaquer dans les plus grosses étapes avec des forts pourcentages ainsi qu'être performant en contre-la-montre.

Dans le cadre d’une performance commerciale, les entreprises ont tendance à valoriser les surperformeurs du moment (vainqueurs d'étapes) et à mettre en avant des résultats à l’instant T. Si un commercial réalise 140% de son résultat sur objectif, il deviendra « la star » du service. En revanche, un autre qui serait à un réalisé de 110% en permanence, tout au long de l’année, fera relativement moins parler de lui, car moins impressionnant, même si in fine, ce dernier aux résultats plus réguliers sera plus rentable que le premier.

Les entreprises ont davantage à gagner en visant une certaine régularité dans la performance des collaborateurs. À l’image des coureurs cyclistes, qui doivent maintenir un certain niveau tout au long des trois semaines du Tour de France, en entreprise, il est beaucoup plus judicieux d’amener le maximum de collaborateurs à l’atteinte de l’objectif afin de réaliser un chiffre d’affaires global plus élevé, que de privilégier quelques réussites individuelles ponctuelles, aussi impressionnantes puissent-elles être. 

Un travail d'équipe : sans le travail de ses co-équipiers, impossible pour un leader d'aller loin

Le rôle des co-équipiers est primordial dans le cyclisme notamment sur le Tour de France. Ils vont permettre d’économiser l’énergie des leaders afin de leur offrir la possibilité « d’attaquer » le plus tard possible. Ils sont également un soutien lors des ravitaillements et aident les coureurs à rester dans le peloton.

Un groupe de coureurs peut se déplacer beaucoup plus rapidement qu’un cycliste seul, ces derniers peuvent s’abriter les uns les autres et partager l’effort de résistance face au vent ensemble.

Dans l’étape de plaine, où les coureurs peuvent atteindre des vitesses assez élevées, chaque minute compte et la protection offerte par l’ensemble des co-équipiers influencera la percée du leader et la victoire finale de l’équipe entière.

Dans l'étape de montagne, les co-équipiers ont également pour mission de donner un rythme au leader en gardant une certaine vitesse afin d’éviter ou de contenir les attaques des équipes concurrentes. Les co-équipiers vont ainsi imprimer le rythme pendant plusieurs kilomètres avant de s’écarter pour le laisser attaquer. La stratégie collective mise en place par les cyclistes du Tour de France s’applique aussi au travail collaboratif en entreprise, « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ! ».

La couronne de laurier au leader, des primes partagées entre co-équipiers

Le vainqueur du Tour empochera la somme de 500 000 euros. Ces primes sont distribuées en fonction du classement final et attribuées aux porteurs des maillots distinctifs durant les trois semaines de course, aux vainqueurs d'étape, aux gagnants des sprints intermédiaires ou encore aux plus combatifs sur le parcours du Tour de France. À cela s’ajoutent des primes spécifiques de 5 000 euros, le prix Henri-Desgrange récompensant le coureur qui franchit en tête le col du Galibier, en hommage au créateur du Tour de France ou encore la prime du Souvenir Jacques Goddet, ancien directeur du Tour, attribuée à celui qui franchit en premier le sommet du Tourmalet.

Ces primes peuvent paraître relativement faibles en comparaison au salaire fixe des meilleurs coureurs. Peter Sagan, le Slovaque de la Bora-Hansgrohe, triple champion du monde (2015, 2016 et 2017) perçoit ainsi un salaire annuel de 6 millions d’euros, Christopher Froome, coureur du Team Ineos et quadruple vainqueur du Tour de France, reçoit quant à lui une rémunération à hauteur de 5,1 millions d’euros par an. Il est évident qu'à ce niveau de salaire, les coureurs les mieux rémunérés ne courent pas après les primes d'étapes ou de maillots mais plutôt pour la reconnaissance.

Les primes de victoires étant relativement faibles par rapport aux gains fixes de certains coureurs, le soutien financier des sponsors prend une réelle importance.

Les cyclistes de petites formations n’hésitent pas à aller chercher le plus de victoires possibles en échappées. Il existe ainsi un écart manifeste de salaire entre les grandes équipes et les formations plus modestes. Les primes sont ainsi peu motivantes pour les grosses équipes comme Ineos, et beaucoup plus pour les plus petites comme Wanty Gobert, qui poussent ses coureurs à partir souvent en échappées pour une meilleure visibilité.

Le succès de l’entreprise dépend du travail de tous. Le ou les dirigeants ont besoin de bons conseils pour prendre les bonnes décisions, ainsi ils doivent être entourés d’un directeur administratif ou financier, d’un directeur commercial, d’un directeur des ressources humaines... Ces fonctions clés autour du chef d’entreprise représentent elles-mêmes des « leaders » pour leurs équipes respectives. Un leader seul ne peut pas générer la même performance qu’une équipe aux compétences multiples et complémentaires. Peter Sagan, vainqueur de la 5e étape du Tour à Saint-Dié-des-Vosges déclarait ainsi avoir « apprécié le travail de son équipe afin de le mettre sur orbite dans le final ».

Le dopage : quand le contrôleur a le même intérêt que le tricheur

Il y a conflits d’intérêts lorsque l’organisme chargé de contrôler un événement sportif a des intérêts communs avec les sportifs en situation de tricherie. Cela a été notamment le cas lors de situations de dopages avérés notamment sur le Tour de France, avec les deux histoires les plus médiatisées : l'affaire Festina et l'affaire Lance Armstrong. L'organisme mandaté pour contrôler les coureurs bénéficiait en parallèle des droits de retransmissions télévisuels générés par l’évènement, sensiblement boostés par ces affaires de dopages.

Dans une autre mesure, certaines entreprises peuvent se montrer inéquitables entre les meilleurs performeurs et les autres. Il n’est pas rare ainsi que les plus gros clients soient toujours confiés aux commerciaux rapportant le plus de chiffre d’affaires, qui continueront par conséquent à se montrer très rentables. L’entreprise devrait pouvoir favoriser les deux types de profils, seniors comme juniors, dans l’attribution des portefeuilles clients et ne pas céder à une certaine facilité.