Retour au blog

SaaS versus IA : vers une homogénéisation ou une personnalisation accrue des pratiques de rémunération variable ?

SaaS versus IA : vers une homogénéisation ou une personnalisation accrue des pratiques de rémunération variable ?
21 oct. 2025

Management

L’essor des solutions SaaS et l’émergence de l’intelligence artificielle redessinent les contours de la rémunération variable. Alors que les premiers apportent standardisation et fiabilité, les seconds promettent un pilotage fin et individualisé. L’avenir se situe-t-il dans une convergence vers des pratiques homogènes, ou au contraire dans une logique de sur-mesure adaptée à chaque entreprise, chaque équipe, chaque collaborateur ?

La rémunération variable représente aujourd’hui un levier essentiel de performance et de motivation. Dans de nombreux secteurs –banque, assurance, conseil, industrie – elle peut représenter plus de 30 % de la rémunération annuelle d’un salarié.

Pourtant, la conception et la gestion de ces dispositifs restent un casse-tête pour les directions commerciales, RH et financières :

  • Calibrage précis des objectifs
  • Équité entre équipes, territoires, portefeuilles…
  • Animation du dispositif de rémunération variable à la bonne fréquence
  • Maîtrise budgétaire 
  • etc

Face à cette complexité, deux vagues technologiques transforment la donne : les logiciels SaaS d’un côté, qui structurent et homogénéisent les pratiques, et l’intelligence artificielle (IA) de l’autre, qui ouvre la voie à une personnalisation inédite.

SaaS : la promesse d’homogénéisation et de fiabilité

Depuis une dizaine d’années, le marché du SaaS dédié à la rémunération variable s’est fortement développé. Ces solutions permettent aux entreprises de :

  • Centraliser les règles de calcul
  • Automatiser et fiabiliser les calculs, simulations ainsi que le reporting
  • Sécuriser la gestion des données et adresser les enjeux de traçabilité
  • Déployer des standards homogènes au sein d’organisations parfois mondiales

En synthèse le SaaS a permis d’industrialiser des pratiques qui étaient principalement gérées dans Excel ou par des outils maison fragiles et dont la maintenance est complexe, chronophage et à risque en termes de qualité.  Les entreprises ont ainsi pu gagner en transparence, en rapidité et en fiabilité.

IA : le pari du sur-mesure

L’intelligence artificielle, de son côté, change le paradigme. Là où le SaaS vise la standardisation, l’IA promet la personnalisation.

Ses promesses à venir se situent à plusieurs niveaux :

  • Aide à la décision : anticipation des résultats en fonction de données historiques et contextuelles ou encore fixation d’objectifs individuels adaptés au territoire ou au portefeuille de chaque collaborateur
  • Détection des biais : identification de règles ou de modalités qui favorisent certains profils au détriment d’autres.
  • Mise en œuvre facilité : développement de solutions qui ont pour objectif la possibilité de paramétrer des règles de calculs complexes très facilement pour en réduire les coûts de mise en œuvre.

En synthèse, l’IA promet non seulement d’apporter une aide décisionnelle mais ouvre la porte du sur mesure qui a été souvent contre arbitrée dans les dernières années avec l’objectif de contenir les coûts de gestion.

Homogénéisation et sur-mesure : une opposition trompeuse ?

À première vue, SaaS et IA semblent opposés : le premier tend vers l’homogénéité, le second vers l’hyperpersonnalisation. Mais en pratique, ces deux dynamiques pourraient bien se compléter à terme.

Le SaaS apporte le socle de fiabilité indispensable : un cadre, des règles claires, des processus standardisés.

L’IA, elle, viendrait enrichir le SaaS en introduisant de la flexibilité et de l’adaptation : scénarios adaptés plus précisément à chaque population, capacité de faire évoluer les plans de primes plus régulièrement…

Ainsi, on pourrait voir émerger une combinaison du meilleur des deux mondes : des standards globaux encadrés par le SaaS, modulés « localement » grâce à l’IA.

En clair, les entreprises n’auraient plus à choisir entre homogénéité et sur-mesure, mais pourraient articuler les deux en mettant le curseur là où elles le souhaitent

Les risques et limites

Cependant, cette évolution n’est pas sans risque.

  • La dépendance technologique : plus les outils deviennent sophistiqués, plus l’entreprise dépend de ses prestataires, sans oublier les clauses de sécurité de l’hébergement de la donnée ainsi que de son utilisation
  • La qualité des données : une IA mal nourrie génère des recommandations biaisées ou erronées
  • Les questions éthiques : jusqu’où personnaliser sans créer d’inégalités ou de discriminations ?

A ce titre, l’IA ne modifie en rien la responsabilité de l’entreprise à laquelle il revient d’arbitrer l’ensemble des décisions et de vérifier la robustesse des processus qu’elle déploie

Et demain ?

À quoi ressemblera la rémunération variable dans cinq ou dix ans au regard des évolutions technologiques qui voient le jour ?

Trois scénarios se dessinent :

  1. La standardisation accrue : les grandes entreprises décident de privilégier l’homogénéité pour maîtriser au maximum les coûts
  2. Le sur-mesure poussé : grâce à l’IA, des plans de primes définis à une maille beaucoup plus fine et des personnalisations beaucoup plus importantes, par exemple en ce qui concerne l’animation de la rémunération variable auprès des équipes.
  3. Un modèle hybride : peut-être le plus probable pour la majorité des entreprises, combinant un cadre homogène avec une flexibilité permise par l’IA.

 

Conclusion : vers une « personnalisation encadrée »

La vraie question n’est peut-être pas de choisir entre SaaS et IA, entre homogénéisation et sur-mesure, mais de savoir comment articuler au mieux les deux comptes tenus des enjeux de chaque entreprise.

Les entreprises ont besoin de standards solides pour garantir transparence, conformité, maîtrise forte du processus calculatoire, gestion des coûts. Mais elles doivent aussi répondre à des besoins croissants de personnalisation afin de tirer le meilleur bénéfice du budget de rémunération variable qu’elles définissent annuellement.

En matière de rémunération variable, comme ailleurs, la technologie ne remplacera pas la stratégie. Mais elle pourra être un outil facilitant sa mise en œuvre

Baromètre de la rémunération variable

Etude de la rémunération variable 2023/2024

Demandez en exclusivité notre étude menée en partenariat avec l'IFOP et accédez aux derniers chiffres concernant les pratiques de la rémunération variable en France !
Etude IFOP 2023 pour Primeum
Télécharger

Auteur de l'article

Charles Binet

Directeur Associé de Primeum - Expert en motivation des employés par la rémunération variable

Articles les plus lus

Recevoir la newsletter trimestrielle