Quel employeur ne rêve pas de fédérer ses équipes autour d’un projet stimulant, dopant la stratégie globale de l’entreprise, créant de la cohésion d’équipe et fidélisant ses collaborateurs ? Beaucoup voient dans l’intéressement de projet la corne d’abondance permettant d’atteindre tous ces objectifs simultanément. Mais qu’est-ce que l’intéressement de projet, comment fonctionne-t-il et quelles sont ses limites ? Explications et pistes de réflexion.
L’intéressement de projet, qu’est-ce que c’est ?
L’intéressement de projet consiste à instaurer un intéressement complémentaire associé à un projet commun. Ce projet peut être porté par plusieurs filiales d’un même groupe ou être interne à une seule entreprise. Cette forme de rémunération vise à récompenser les collaborateurs travaillant sur le projet concerné en fixant des objectifs qui permettent de déclencher des primes. Aussi, les salariés concernés peuvent être l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise ou une partie d’entre eux seulement, dès lors qu’ils participent au projet. À l’instar de l’intéressement classique, les objectifs reposent sur des critères financiers et de performance, et peuvent être annuels, pluriannuels ou encore infra-annuels.
Quelles sont les règles de l’intéressement de projet ?
Pour instaurer l’intéressement de projet, les entreprises doivent respecter un certain nombre de règles préalables. En premier lieu, toutes les entreprises parties prenantes doivent déjà pratiquer l’intéressement classique. Par ailleurs, dans le cas où le projet est porté par plusieurs entreprises d’un même groupe, l’intéressement doit être mis en place par le biais d’un accord de groupe. En outre, l’intéressement de projet doit être négocié et ne peut être le fruit d’une décision unilatérale de l’employeur. Et en aucun cas, l’employeur ne peut conclure plusieurs accords d’intéressement de projet parallèle. En revanche, il est autorisé d’avoir plusieurs plans d’intéressement de projet successifs.
Les objectifs et les primes qui en dépendent peuvent correspondre à un calendrier propre au projet en question et à son niveau d’achèvement. Du reste, dans le cas d’un accord de groupe, il est possible de prévoir différentes modulations de répartition de l’intéressement, suivant les entreprises. Tout comme l’intéressement classique, l’intéressement de projet voit les sommes versées plafonnées à 20% du total des salaires bruts perçus par tous les bénéficiaires et 75% du plafond annuel de la sécurité sociale. Par défaut, l’intéressement de projet est affecté sur un plan d’épargne d’entreprise, si celui-ci existe. L’intéressement de projet ne peut avoir une durée supérieure à celle de l’intéressement classique même si le projet est d’une durée supérieure. Dans ce cas, il est obligatoire qu’au moins l’une des phases d’achèvement du projet soit en concordance avec la durée de l’accord de l’intéressement classique.
Risques et limites de l’intéressement de projet
Présenté comme un moyen incomparable pour fédérer de vastes équipes, l’intéressement de projet met également les employeurs au défi. À bien des égards en effet, l’intéressement de projet peut résonner comme un concept flou et vague. Pourtant, il est essentiel de pouvoir évaluer avec précision l’état d’avancement du projet afin de savoir quand déclencher les primes. Avoir une vision globale et très précise du projet auquel on souhaite associer cette forme de rémunération est une étape préalable qui peut se révéler ardue. Il ne s’agit pas uniquement d’établir un calendrier de dates, mais de jauger de l’avancement réel du projet.
Ensuite, il est indispensable de trouver les bons KPIs afin de déterminer les objectifs attendus. Là encore, la tâche peut être ardue, notamment quand le projet concerne de vastes équipes réparties dans plusieurs entreprises différentes. Les KPIs jouent un rôle fondamental dans le système de l’intéressement sur projet puisqu’ils permettent de fixer les objectifs et de les associer aux étapes d’achèvement du projet.
Enfin, il est impératif de porter un vrai projet pour mettre en place ce type d’intéressement. Celui-ci doit être solide, planifié et compris par tous. Dans le cas contraire, il s’agit d’intéressement classique déguisé en intéressement de projet. Car s’il est possible d’instaurer un plan d’intéressement classique en parallèle d’un plan d’intéressement de projet, il n’est pas permis de mettre en place deux plans d’intéressement classique en même temps.
Bien pensé et solidement calibré, l’intéressement de projet permet d’accélérer de nombreuses réalisations en entreprise, en offrant une rémunération complémentaire et stimulante. Mais attention à ne pas se tromper de KPIs et à ne pas tomber dans le piège de l’intéressement classique déguisé.